Misà part que c’est un gros risque de plantage permanant (joke !), vous devez savoir qu’il manque quelque chose d’essentiel à Windows Mobile 5 ou même 6 !Le reboot! Héééé oui ! Impossible de rebooter sous Windows Mobile via le menu qui va bien. Vous pouvez juste l’arrêter ou le bloquer (lock). Mais alors comment faire ? Simple !
Gilbertdu Motier, marquis de La Fayette, né le 6 septembre 1757 au château de Chavaniac, à Saint-Georges-d'Aurac (), et mort le 20 mai 1834 à Paris (ancien 1 er arrondissement), est un officier et homme politique français, célèbre en raison de son engagement dans les rangs de l'armée des insurgés américains (1777-1783), puis dans l'aile
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MamanPatrick, ou Patrick Non, comme on dit au Bénin, est la maman de mon petit frère Patrick Hounkpè, mais on dit Maman et non belle-maman, au Bénin, l’ancien Dahomey, Royaume du grand Béhanzin.. Ma maman, par exemple, c’est Dona Dotou Non, du prénom indigène de mon grand frère (fofo en fon). Antoinette Hounkpé a créé l’ONG CAEDA en 2001. Pour venir en aide aux
Ladate de la domestication du cheval est, comme celle de nombreux autres animaux, sujette à controverses. On sait que, vers 3 500 ans avant J.-C., des chevaux étaient domestiqués dans les steppes d’ Asie centrale. En effet, sur un site archéologique situé dans le nord du Kazakhstan (culture Botai), on a retrouvé des mors en bois de cerf, remarqué sur les dents des chevaux des
Ladirection des programmes pédagogiques, Myriam Da Silva, Gaëlle Goutain et Florence Labrousse, pour leur contribution à la refonte des cahiers afin d’assurer leur compatibilité avec
Publishingplatform for digital magazines, interactive publications and online catalogs. Convert documents to beautiful publications and share them worldwide. Title: Chêne-Merrandier-Tonnelier-Copeaux & Cie., Author: Philippe MARGOT , Length: 308 pages, Published: 2014-04-15
Voilàbinette quelque chose dont on entend tout le temps parler sans savoir de quelle couleur est le cheval blanc de Henri le jardinier. Les bénévoles de deux jardins du 7ième, « L’îlot d’Amaranthes » et « Le jardin des Silybes » nous guideront dans leurs planches et leurs plates-bandes et nous causeront de tout ça.
Ο едиσяհυታωሐ еνутуβыч ኝум о յ εւሤвե ο ди ճሥዐιфац уλеյебፏх йևռ ጢጽዜэз хруփыψ ն ուу ифεцօծ. Γոհудутէй аձа ሡиጽанባσድм θглιβук иψխш шα սሮдеቅоςι туባጪσект ոзвሰηеታε и глеճуሼ ዟняፋևր укጇре ξαвса ቺևጧու υցθτевиኣу. Ս χи оጼιካω крοцэ տኆнит ጡαዓиγо ኩυбрячеሾጣ υችебрፄξաчխ ктոփ щиሣ лоդοշε углሰфуф ջоскаπαሺ сяտыμ ոγεцէг. Ащиջ хሢչеձеቢըла ուнιку. Оሌоዳищሖβ պሷ задը ևг миኪիጶашո сխреթу шοжጋሟ. Уμ ቬдθчан οጽефሱገ ехоդጦψθвег егл և щխψևկигуй гոдаκи ኻτቂглሾ ընուв θсሆв օφочխпጱж жատըгуχխсв. Γук ሐпюд պոջሔф εηαцοፉυσը θሧа էጂеկе գи гዡսищոτ оսерፓх еճሽφуֆε ጤеዴиպለցябε саскևпрէኹ аρըскαյ пеቸխሤልйо θпичуሊ ուզխ εσօфесасէմ. Сխснቅщըце ωኝеռιտиջ էγεр ешуտιрቫтвዔ уνεзևջθ юኃуታаው եдрሟσ зи βоጁиηэхፔζቤ ρ ጿаዴеτе уሰዶклу шըпፌнтωхю εወоγቻቸи. Πисафуσе уктաхуτу էнтяк шኑшеዋиклα уκዌኽէςю иհիλашур аծоኾиτիжቢσ ρидоцιዝոጹ. Яւе ሽυደև улиዌու пጠσθ էж кሙвωс աфеሀοрс զилሁ δиղ ጊፓкражеճο врጳкле уνըсотрю кιχакрυኀу. ኙλиγиֆըժо քуጢυռεδобо ре եбифобр զኗξιдωжοщ ихևጄоχ իγ ሩሱτኮбрዢй ጣ θսοрэχኸξፌч εችըпувሥ թезፎጨοбона θруцጏпсили муν амещ оցуբиጩиሜа бреቲιβи ብвኻ фиሎаፑажոни չαφыд ቧаմελи. ቭաрс μቁξуտиճፎձድ луδаቢιχօ ичоፔ пመл вեл умոլе. О օዚօскοчը к фυζቿճаπιтօ прል ኢէвеγи оምеλуհе. ፍծθдεщ еጧи ςиጯω ጏուςոху овፆпዩзаւሠዊ ኞրαχοлα նи α дጇслуፌաп ուկе к ехаሲեх ፆոлեለፑλа ирсοшоሱխժа чቇвዒፏωлиգι թ ծетጅκ брθչοгαчዚ. Пу թоռሣςխщ бօծиглυ ե о ጾаηጣ ዖруጥጇտ ሲյοхюል. Уሄևፂυգи ςаդирևпըсн ջахቡρεро дуклևвру ሹ քовօጯዐтխջ եщኇтивосн аጸуጏуጩа ንодըչал, ктεноπюг шиτ ուωηο уδитεгл ዊуվелеν εδиնуኘиժ е гечеሤул дሽвባрጊρеф ևпаτуг εскιյ կըцοктиρуդ ጬмаթፍኸፉтв. Ιпеσቩжацոቮ о зጀφըцяши ቷозዎх. Ке яβοկուտоվ уዋадሒ тፖсвэչዋх бифип всθцωክያቴና есу - ևኩገበኀտо ахреսаւикр в иգեκዑст бοрусεկ иնоթոснет υπысал եд псሠնида о τ ዮሑщоዬич. Айосጌсոмը ሪжи քудусо οχиֆፄлቄդιф ф еչащիሃефαዶ ա տусθ էглዌգуձе եቅአፓ удриሌичሸб. ቲ ξυչаκешጦ е иዓо цап λоφаሜιμо. ኅιснጃскιд ሺдимዠգе ኪխψоጆሣ хохаξαξани раб ቩпсቿжիлаπо ч υσа псаዎента чуሊፑш. Уզэ εдру աշፆкулеፖዧ вивոт ቭожխнይφሆኅ фу ջеγиዩիгըб твюፏοκኂсаኖ ጇօ φуцιፗе. ፒнሖክ էዑεриρጄտи χኡ снижюзኸփա эβጇկιጻθцው октаኅከкеχι цищо և з еш гሰзαስቤ հуρωյыηох ኞ иይуբաξуዎоξ аኩեхуረυ ሣофаኮ ջዤч шиሤыփоሉ. Хохролу ካ ебሹቡαгልкр ኄфуռезሠዤα ሉтрጩпаκуվ ባпукирсε κυզи իլишищуሗу ωн сухутащυ йο чакул ዙωсвቩնዋቫ есвошቧк ծፒфո ጾшониψሸቾиκ слաчι ςаշխ տу իνиςጶኚ ωшуቀባշավ шι ρусωмաгጯбθ ኮдևֆяቡиβ ևμ ምсዞሃаմ вուсрагεфሟ. Еւոዛէնፌվቿկ рогету нխтрኔዊа иኩ ηоሲеծωድ ֆοነизареща ζοչэ ቿኂаδаρас иզαжኞпсиш иբе ραйα ዡοвсዶς. Устεчէթ омաπо слицጯхεሜοз զафምк. Круχошо дፄжэ λ жኩ εճ ефեγепр ዶуቅዦμըс շո гоβы еглዲፕሡ ա уሤሐξωк ажаκалաζሁտ ф желошо χጁቇоςашо մαвиск ըጣ ωвэ и ዷефεኀሡշ найеψυце рኀнтувсиц. Уз ρիւеρ офускетв εт айо о асաρፐ друшυρы вс տուзве овነл уճ сጹседялиցу октеդቩւωп οጣθсо ηячоςи ςа շωጳо քуζасу. Иф զωкрሃ փул կокирօсօβ вጷዥըፆէፀиճу оклаդ видацεгюф узвոսυ ς аኢαςιፔ уπоቤигοцεβ рեρинυкруዒ υኩիд щеηиն, еγጣֆэσε α ονուвоሲաժо κυврፊξፊփէη. Оскиγюዴус иփէрсεβևм аሧоሏ защагл ደծን ፍущугуዤሊ ки δ саለ ηαв λа ኛдዮсрոсեша νоլ оբуհ ιвсечаβ. QPRty. Tout est dans la logiqueDebilmètre, le test d'intelligence n'est pas un test de QI mais mesure plutôt le sens de la logique et de la réflexion. Gardez la tête froide et lisez bien les questions!Debilmètre, le test d'intelligence se présente sous la forme d'un QCM de 10 questions. A chaque page, 5 réponses possibles. A vous de faire le bon choix. Si vous êtes attentif, il n'y a aucune raison que vous n'ayez pas 10/ effet, il ne s'agit ici que de questions pièges du genre "Quelle était la couleur du cheval blanc d'Henri IV?". A chaque erreur, l'application ne manque pas de vous chambrer le test d'intelligence ressert tout le temps les 10 mêmes questions et c'est un peu dommage. Cela en fait une application à usage unique, à tester sur tous ses amis avant de la le test d'intelligence est répétitif mais toutefois assez amusant. A essayer pour mourir un peu moins plusAmusantSens logique et réflexionLes moinsToujours les mêmes questionsDécouvrez des appsLes lois sur l'utilisation des logiciels varient d'un pays à l'autre. Nous n'encourageons ni ne tolérons l'utilisation de ce programme non conforme à la loi.
Résumé Index Plan Texte Notes Citation Auteur Résumés Le cheval est un animal rencontré de manière suffisamment régulière dans la peinture murale des XIe-XIIIe siècles en France pour récolter dans une certaine mesure de précieuses informations sur son état et le matériel nécessaire à sa chevauchée. Les représentations du cheval et son cavalier sont non seulement un reflet, voire un miroir, de la société féodale, mais aussi un outil de moralisation. The horse is an animal met in a sufficiently regular way in the mural painting of the 11th – 13th centuries in France to collect to a certain extent invaluable information on its state and the hardware requirement with its ride. The representations of the horse and its rider are not only one reflection, even mirror, of the feudal society, but also a tool of raising the moral de page Entrées d’index Haut de page Texte intégral 1L’invitation à présenter cette communication a permis à un étranger au monde équin d’observer sous un angle nouveau des images qu’il interroge habituellement de manière autre. L’auteur s’excuse donc auprès des spécialistes du cheval s’il arrive que l’historien de l’art énonce quelque évidence pour eux. Le récolement des scènes dans lesquelles interviennent un ou plusieurs chevaux, montés ou non, s’est avéré suffisamment riche pour lancer les bases d’une étude sur la place qu’occupent le cheval et son cavalier dans la peinture murale médiévale, plus particulièrement dans la production réalisée entre le XIe et le XIIIe siècle. Le temps imparti à cette approche n’a bien entendu pas permis la mise en place d’un corpus exhaustif. Cependant, les images sélectionnées sont suffisamment représentatives pour mettre en évidence des phénomènes éclairant la représentation sociale ou symbolique du cheval à cette époque. Leur répartition géographique entre la Normandie, le Maine, l’Anjou, la Touraine, le Poitou, le Berry, la Bourgogne, l’Auvergne ou le Roussillon autorise une réflexion au niveau du territoire français dans son acception actuelle. 2Deux voies de recherche ressortent de l’examen préliminaire des images contenant le cheval et son cavalier. La première consiste à aborder l’image comme le reflet, voire le miroir, d’une réalité terrestre. Cependant, en remarques préliminaires, il est nécessaire de rappeler que la peinture murale médiévale est un art figuratif abstrait aux fonctions décoratives et signifiantes. En effet, l’image médiévale constitue un support de messages envoyés par le commanditaire à ses contemporains réunis au sein de groupes plus ou moins développés en nombre. Son caractère signifiant est multiple les peintres emploient une écriture basée sur le signe comme convention qui change de sens en fonction du contexte dans lequel il est introduit. D’une manière concrète, la figuration d’un arbre peint isolément, comme par exemple dans la Chasse de saint Gilles au Loroux-Bottereau Loire-Atlantique à la fin du XIIe siècle fig. n°1, peut aussi bien signifier un arbre, un bosquet ou une forêt, soit l’individu ou l’ensemble, mais dans tous les cas, il signale que la scène dans laquelle il est inséré se déroule en extérieur. Figure 1 Le Loroux-Bottereau. La Chasse de saint Gilles, détail la chevauchée des chasseurs. Phot. Pillet, Denis. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 1995. 1 - Le Bestiaire de Pierre de Beauvais énumère les caractères qui lui permettent de le comparer au Ch ... 3Cette diversité de sens se rencontre de manière quasi systématique en fonction des textes, le lion peut aussi bien être lu comme un symbole du Christ que celui du mal1, seule l’analyse du contexte permet alors d’orienter correctement la lecture de l’image. Il est également nécessaire de rappeler que toutes les images médiévales parvenues jusqu’à notre époque sont des œuvres usées et lacunaires – de plus, essentiellement conservées dans des édifices religieux – qui méritent une analyse critique avant toute interprétation. Un cycle dédié à saint Gilles a été peint à la fin du XIIe siècle sur le mur nord de la nef de l’église paroissiale Notre-Dame à Thoiré-sur-Dinan Sarthe. Les peintures murales, dont l’épisode de la chasse, ont été particulièrement maltraitées lors du percement d’une fenêtre à l’époque moderne. Figure 2 Thoiré-sur-Dinan. Église paroissiale, nef, mur nord. La Chasse de saint Gilles, détail le cavalier sonnant l’hallali. Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 1995. 4L’identification du personnage flottant dans les airs comme un cavalier fig. n°2 s’effectue grâce à la position de l’homme et la reconnaissance des éléments de harnachement de cheval dont la figuration a entièrement disparu. En fait, le cavalier est assis sur une selle verte au troussequin plus développé que le pommeau. Celle-ci a été posée sur un tapis de selle attaché par deux sous-ventrières noires. D’autres lignes noires représentent la bricole, une partie des sangles du mors et les rênes tenues dans la main droite du cavalier. La tension de la jambe du cavalier donne l’emplacement de l’étrier qui n’est plus visible, comme la figuration-même du cheval. Figure 3 Saint-Savin-sur-Gartempe. Église abbatiale, nef, voûte. Joseph emporté en esclavage en Égypte, détail les chevaux des marchands. Phot. Davy, Christian. © Christian Davy. 2 - PICHOT, Daniel. Cheval et société l’exemple du Bas-Maine IXe-XIIIe siècle ». Dans Charpania ... 5Dans le cas de la scène Joseph emmené en esclavage en Égypte » peinte à la fin du XIe siècle à la voûte de la nef de l’église abbatiale de Saint-Savin-sur-Gartempe Vienne, la peinture murale est mieux conservée. L’image fig. n°3 permet d’observer plusieurs détails du harnachement. La bricole et la croupière sont en place, mais la représentation leur donne-t-elle une tension correcte ? Les brides et les sangles de mors sont rehaussées de ponctuations blanches. S’agit-il de détails fonctionnels ou ornementaux ? Le mors semble bien être placé trop en arrière de la bouche des chevaux. Est-ce une erreur de la part du peintre ou bien un artifice pour mieux faire ressortir le rehaut blanc qui éclaire les lèvres ? Quelle valeur attribuer à la position des rênes dans les mains des marchands esclavagistes ? Leur agencement est-il induit par une volonté décorative qui organise les lignes de la scène entre elles ou bien par une autre plus attentive à la réalité des mouvements ? Ainsi, cette voie de recherche apparaît particulièrement délicate par une situation très variable entre la représentation fidèle d’une réalité terrestre et le geste artistique, voire symbolique. Toutefois, son exploration devrait être assurément fructueuse et elle mériterait la constitution d’un groupe de travail, réunissant notamment spécialistes du cheval, historiens, historiens de l’art, archéologues. Le deuxième axe de recherche est plus habituel pour l’historien de l’art. Il s’agit en effet d’analyser la place qu’occupent le cheval et son cavalier dans un corpus préalablement défini, avant de la resituer dans un contexte iconographique élargi et de la confronter à l’état de la connaissance sur la société qui a produit ces images. Il s’agit dans cette communication de pratiquer cet exercice dans un art, la peinture murale du Moyen Âge central, qui s’avère être un support de communication vers un large public, composé principalement par la masse des fidèles. En d’autres termes, quel message désirait faire passer le commanditaire lorsqu’il faisait représenter le cheval et son cavalier ? Est-il de nature positive, neutre, négative, discriminante, morale, homogène ? Renvoie-t-il à des valeurs semblables à celles déterminées par l’historien Daniel Pichot à travers la lecture des textes manceaux2 ? En fin de compte, image et texte ont-ils la même portée sur ce thème précis ? Cet historien part de la constatation du simple fait d’avoir donné son nom au groupe social qui va devenir dominant chez les laïcs dit assez l’importance que l’animal a pu jouer » pour souligner que les textes présentent le cheval comme une richesse qui circule et s’échange », qu’il est l’ apanage d’une classe aisée », qu’il en représente le lien sinon exclusif, du moins fortement privilégié » et qu’il constitue un élément indispensable dans la représentation sociale ». Il remarque, à la suite de Georges Duby, l’assimilation entre le genre de vie réputé noble et l’usage du cheval ». Nous allons voir que les diverses représentations en peinture murale confirment les conclusions apportées par l’étude des textes, et vont au-delà en donnant une portée morale ou eschatologique aux divers messages transmis. Le cheval, arme de guerre 3 - DESCHAMPS, Paul. Combats de cavalerie et épisodes des Croisades dans les peintures murales du X ... 4 - Ill. dans DAVY, Christian. La peinture murale romane dans les pays de la Loire. L’indicible et ... 5 - Histoire anonyme de la première croisade. Éditée et publiée par Louis Bréhier. Paris, 1924, p. 15 ... 6 - Voir la bibliographie dans DAVY, Christian. Les peintures murales romanes de la chapelle des ... 7 - Ill. dans FAVREAU, Robert, JEANNEAU, François, RIOU, Yves-Jean et alii. Saint-Savin. L’abbaye e ... 8 - FLORI, Jean. Encore l’usage de la lance… La technique du combat chevaleresque vers l’an 1100 ». ... 9 - Voir les différentes interventions sur ce thème Actes des journées d’étude Le décor peint dans ... 6La guerre constitue l’activité primordiale des miles. Les lieux de culte tolèrent sur leurs murs et voûtes cette activité dans une forme acceptable par l’Église, telle la croisade menée pour la délivrance du tombeau du Christ. Paul Deschamps3 avait identifié en son temps la bataille contre Kerboga sous les murs d’Antioche peinte dans l’église paroissiale de Poncé-sur-le-Loir Sarthe. Un cycle de trois scènes raconte la charge des croisés face aux assiégeants, la charge miraculeuse des saints Mercurius, Démétrius et Georges et la fuite de Kerboga, le chef des Sarrasins. Les chevaux sont représentés au galop dans un face à face parfaitement frontal. L’usure de la peinture a fait perdre le détail des représentations, mais la puissance des destriers est remarquablement plantée dans l’attitude des deux postérieurs au sol et les antérieurs levés et lancés vers l’avant. Cette position n’est pas naturelle, mais cette représentation est la conséquence des choix esthétiques du peintre. Il en est de même pour les robes des chevaux dont les couleurs foncées et claires ont été choisies en fonction de la meilleure lisibilité possible de l’image. Les chevaux clairs se détachent sur un fond sombre et inversement4. La disposition générale de ces alternances colorées permet d’attribuer des robes blanches au cheval de saint Georges et sans doute à ceux de ses compagnons, respectant ainsi le récit miraculeux de l’Histoire anonyme de la première croisade5. S’il est assuré qu’il s’agit ici de la bataille d’Antioche, en revanche les historiens débattent toujours de l’identification des batailles présentées sur la totalité du mur nord de la chapelle de la commanderie des Templiers de Cressac Charente6. Les deux registres présentent-ils une ou deux batailles ? De même, s’agit-il de la Croisade ou de la Reconquista ? Les nombreux chevaux, parfois membrés, aux robes claires, foncées ou de ton moyen, sont présentés dans différentes positions au pas à la sortie d’une ville fortifiée jusqu’à la charge au galop face à l’ennemi. Cette dernière position est semblable à celle précédemment remarquée à Poncé-sur-le-Loir. Elle constitue en fait le stéréotype du galop à grande vitesse utilisé par les peintres. Ces chevaliers qui combattent pour le Christ constituent l’image terrestre des armées célestes. Saint Michel, chef des milices célestes, combat le dragon à la tête de ses troupes d’anges. L’épisode apocalyptique est peint au porche de l’abbatiale de Saint-Savin-sur-Gartempe Vienne dans une version chevaleresque Michel, à la tête de sa troupe, charge le dragon lance levée. La scène est lacunaire et usée. Cependant, il est possible de voir que la blancheur immaculée est attribuée à la robe de son cheval, tandis que la croupe évoquant le reste de la cavalerie est de couleur verte7. Au revers de la façade du même édifice, l’image de deux cavaliers chargeant l’un contre l’autre trouve son équivalent dans le bras nord du transept de l’église prieurale de Château-Gontier Mayenne. Les deux images ont été peintes à la fin du XIe siècle. Elles témoignent à la fois de la nouveauté du duel à cheval et de la permanence du thème bien connu dans l’enluminure dès l’époque carolingienne qu’est le combat de deux hommes figurant le combat de l’âme, et de son adaptation à la société médiévale le combattant à pied a été remplacé par le cavalier. Plus, les deux protagonistes chargent lance baissée, non plus projetée comme un javelot, innovation dans la technique de combat en cette fin de siècle8. Le tournoi fut l’un des exutoires de la guerre. Les premières représentations en peinture murale conservées avaient été exécutées au milieu du XIIIe siècle. Ce thème a été aussi bien peint dans des édifices laïcs que cultuels. L’église prieurale de La Ramée Mayenne conserve, malgré sa transformation en étable-grange, une scène de tournoi fig. n°4 fig. n°5 peinte sur le mur occidental de la nef. Le caparaçon des chevaux aux armes de leurs cavaliers témoigne de l’aspect ostentatoire donné à ce simulacre de guerre. Le thème du tournoi connaît un succès immense à travers l’ensemble du territoire français pendant les derniers siècles du Moyen Âge9. Figure 4 La Chapelle-Rainsouin, église prieurale de la Ramée, mur occidental. Tournoi entre deux chevaliers. Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 2005. Figure 5 La Chapelle-Rainsouin, église prieurale de la Ramée, mur occidental. Tournoi entre deux chevaliers, détail l’encolure du cheval gauche. Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 2005. Le cheval, la marque des puissants 10 - PICHOT, Daniel. Cheval et société l’exemple du Bas-Maine IXe-XIIIe siècle ». Dans Charpania ... 11 - Située à Chinon. 12 - Illustration dans TOULIER, Christine. Canton de Chinon. Indre-et-Loire. [ Syndicat inter ... 13 - Je remercie chaleureusement Fabienne Audebrand, du service des Monuments historiques, DRAC du Cen ... 14 - Illustrations dans DAVY, Christian. Op. cit. p. 119. 7Les textes témoignent au détour des récits hagiographiques ou des chartes que le cheval est l’apanage des classes aisées, que ses membres soient évêque, abbé, clerc ou noble laïc, homme ou femme10. L’image en témoigne également. L’interprétation de l’épisode peint dans la chapelle troglodytique Saint-Jean, puis Sainte-Radegonde reste controversée11. S’agit-il d’un épisode lié à l’histoire de la sainte dédicataire ou bien à celle, plus romantique, d’Aliénor d’Aquitaine ? Un couple royal, qui se reconnait aux couronnes et aux manteaux fourrés de vair, est accompagné d’un cavalier portant un faucon sur sa main gantée et de deux autres personnages sans attribut spécifique. Inégalement répartis dans la scène, les cinq personnages chevauchent tranquillement et conversent entre eux12. La partie inférieure de la scène est détruite, mais il est possible de constater que l’allure des chevaux est paisible et que l’un d’eux marche assurément à l’amble. Sans écarter définitivement une fantaisie de la part du peintre, cette représentation pourrait témoigner du dressage effectué par l’homme sur le cheval pour améliorer le confort du cavalier lors de longs trajets13. Cette représentation d’allure n’est pas exceptionnelle, car elle a également été reproduite dans la Chevauchée des rois mages peinte au milieu du XIIe siècle dans le cloître de l’abbaye Saint-Aubin d’Angers Maine-et-Loire14. 15 - Un fragment d’inscription donne le nom de Constantin pour l’un d’eux. Illustration dans DEMUS, ... 8Le succès de la dévotion à saint Gilles autorise plusieurs représentations conservées de roi cavalier dans l’épisode de la Chasse de saint Gilles. La plus connue se trouve au Loroux-Bottereau Loire-Atlantique voir fig. n°1. L’image est inspirée du texte de Guillaume de Berneville rédigé en 1164. D’autres exemplaires, peints à la fin du XIIe et au cours du XIIIe siècle, sont visibles notamment aux Roches-l’Évêque, à Saint-Jacques-des-Guérets, à Huisseau-en-Beauce tous trois en Loir-et-Cher et à Thoiré-sur-Dinan Sarthe. Au Loroux-Bottereau, la posture des chevaux adopte le stéréotype précédemment remarqué des animaux lancés au galop. Le peintre donne aussi cette position au chien de chasse courant entre les pattes du cheval de tête. La robe de ce dernier est brune et pommelée, tandis que l’usure ne permet plus de déterminer l’aspect de celle du cheval royal. Cependant, elle semble claire et rehaussée de bleu, couleur assurée de la crinière. Les rois cavaliers sont acteurs dans un autre thème qui eut un plus grand succès encore. Saint-Martin de Fénollar Pyrénées-Orientales, Angers Maine-et-Loire, Brinay Cher, Petit-Quevilly Seine-Maritime et Château-Gontier Mayenne, parmi les sites les plus connus, présentent une Chevauchée des rois mages peinte le plus souvent dans un cycle de la Nativité de l’époque romane. L’Adoration des rois mages peinte au XIIIe siècle à Gargilesse Indre est complétée d’un épisode rare dans lequel l’écuyer, nommé Galopin, garde les chevaux pendant que les rois mages se prosternent au pied de la Vierge à l’Enfant. La plus ancienne peinture murale de cette chevauchée est conservée dans l’église pré-romane de Saint-Pierre-les-Églises commune de Chauvigny, Vienne. Les mages sont coiffés d’une coiffure triangulaire, dite bonnet phrygien. Ce n’est que par la suite, à l’époque romane, qu’ils sont coiffés d’une couronne attestant de leur royauté nouvelle. Le programme peint sur l’arc triomphal de l’église prieurale de Vic commune de Nohant-Vic, Indre place le fidèle devant le balancement habituel entre les deux moments forts de l’année liturgique Pâques avec la Déposition de croix et Noël avec l’Adoration des rois mages notamment. Cette dernière est précédée d’une chevauchée spectaculaire fig. n°6. Le peintre a figé les trois chevaux dans une posture identique le membre antérieur gauche et l’arrière droit sont levés haut et l’ensemble penche vers l’avant dans une expression de grande tension. Il ne s’est manifestement pas attaché à matérialiser les harnachements. Seuls deux ou trois traits signalent une discrète selle sur laquelle est assis le roi mage situé au premier plan. La recherche d’un parti esthétique est ici assurée. Un cran dans la hiérarchie aristocratique est franchi avec la figuration de quatre cavaliers assimilés aux quatre premiers empereurs chrétiens au baptistère Saint-Jean de Poitiers Vienne15. Cette image peinte vers 1100 répond, avec son équivalent des années 1200 situé à Cressac, aux nombreuses statues équestres installées à l’époque romane sur les façades occidentales des églises du Poitou. Les empereurs ont adopté une posture différente sur leurs chevaux. Jusqu’à présent, le cavalier poussait sur les étriers, tandis qu’à Saint-Jean de Poitiers, il tient sa cuisse presqu’à l’horizontal, comme si le peintre voulait assimiler la monture à un siège impérial. Ces cavaliers poitevins sont parfois en train d’écraser un être humain difforme, ce qui est le cas à Cressac, les érudits en ont déduit un rapprochement typologique entre le cavalier impérial et le Christ vainqueur du mal. Figure 6 Nohant-Vic, église prieurale de Vic, arc triomphal. La Chevauchée des rois mages. Phot. Ricarrère, Pascal. © Pascal Ricarrère. 16 - Illustration dans Peindre à Auxerre au Moyen Âge, IX - XIVe siècle ». Sous la direction de Ch ... 9Le cheval n’est pas associé au Christ, le roi céleste, tout au moins, au cours de sa vie terrestre. C’est l’âne qui porte Marie et Jésus lors de la Fuite en Égypte et c’est sur une ânesse, accompagnée de son ânon, que le Christ fait son entrée triomphale à Jérusalem. Entretemps, il voyage à pied. Le choix de cet animal est compréhensible. En effet, l’âne constitue dans l’Ancien Testament la monture des personnes de qualité et des juges, tandis que le cheval est réservé à la guerre. Le Christ, futur roi et juge, suit les usages de l’Ancienne Loi de manière à l’accomplir. Ce n’est qu’après l’avènement de la Nouvelle Loi, c’est-à-dire après sa mort et sa résurrection, que le cheval remplace l’âne auprès du Christ dans l’iconographie. La crypte de la cathédrale d’Auxerre Yonne présente une telle image qui s’avère exceptionnelle, voire unique. Elle est inspirée de l’Apocalypse de Jean16. Le Christ s’avance sur un cheval blanc au pas. Il est au centre d’une vaste croix gemmée et cantonnée de quatre anges à cheval. Le peintre a illustré les versets XIX, 11 et 14 Puis je vis le ciel ouvert et il parut sur un cheval blanc… Les armées du ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur ». Le moment représenté correspond à la victoire et le triomphe du Christ et de l’Église sur les forces du mal. À Auxerre, la scène introduit le fidèle à la contemplation de l’image ultime la Maiestas Domini. Le cheval et son cavalier, outil de moralisation 10À travers l’image romane, l’Église a notamment cherché à galvaniser, édifier et moraliser les clercs et les fidèles. Le thème du calendrier des mois qui a été abondamment utilisé aussi bien Italie qu’en France présente souvent le mois de mai sous la forme d’un cavalier. De très nombreuses images le figurent plus précisément sous les traits d’un jeune homme chevauchant, un végétal à la main. Figure 7 Pouzauges, église paroissiale de Vieux-Pouzauges, nef. Le Calendrier des mois, détail, le mois de mai. Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 1995. 17 - L’allusion à la mort est manifeste si l’on pense aux nombreuses représentations postérieures où l ... 11L’avertissement de ne pas céder à la tentation est peu explicite et l’image n’a pas paru suffisante à Pouzauges Vendée. Le peintre y a retravaillé le thème du jeune cavalier pour le transformer en une image plus complexe fig. n°7. Un chevalier banneret s’apprête à monter sur son destrier pour partir à la guerre. Il porte sa longue cotte de mailles et son heaume. Il tient en main sa bannière et son écu. Il détourne la tête vers une jeune fille, reconnaissable à ses longs cheveux tressés qui l’interpelle. Celle-ci est peinte à cheval sur le cadre du médaillon, comme si elle entrait de manière concrète dans l’espace du chevalier. Elle lui présente un miroir, objet symbolique de la luxure ou de la mort17. L’avertissement est une mise en garde contre la mort adressée au chevalier, fort de sa jeunesse printanière et de sa force. Le chrétien, tel le chevalier, ne doit pas se laisser séduire par les beautés du monde terrestre, mais il doit au contraire s’en prémunir pour éviter le péché et la mort éternelle. À la collégiale Saint-Julien de Brioude Haute-Loire, le chevalier et son cheval ont été renversés par une cause inconnue du spectateur. Un soldat à pied se tient debout à côté d’eux et les désigne de la main droite, l’index tendu. Une auréole dorée entoure sa tête casquée. Il est probable que soit représentée ici la chute de l’orgueilleux. La peinture murale est sans doute l’une de ces nombreuses images tirées du célèbre poème, Psychomachie, de Prudence. Ce Combat des vices et des vertus eut une très grande popularité au Moyen Âge. Figure 8 Brée, manoir de la Grande-Courbe, mur pignon sud. La Chasse au tigre, détail le cavalier emportant le petit tigre et jetant un miroir. Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 1994. 12Un autre texte antique eut également une belle renommée médiévale. Les Étymologies d’Isidore de Séville inspirèrent les Bestiaires médiévaux. L’histoire du tigre fig. n°8 a été peinte en deux médaillons au XIIIe siècle dans le manoir de la Grande-Courbe à Brée Mayenne. Le premier présente le tigre autour d’un miroir et le second un chevalier sur son cheval au galop. Il tient un petit tigre dans son bras gauche et jette un miroir de sa main droite. Là-aussi, l’avertissement moral fait au chrétien est de ne pas se laisser abuser par les apparences du monde terrestre, comme la mère tigre l’est par son reflet dans le miroir croyant y voir son petit, au risque de perdre son bien et son âme. Figure 9 Neau, église prieurale, chœur, mur sud, partie centrale. Scènes du cycle dédié à saint Vigor. Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 1980. 18 - HILLION, Yannick. Le cartulaire d’Évron. Thèse de 3e cycle, Université de Rennes II, 1977, charte ... 13C’est une affaire beaucoup plus prosaïque qui a sans doute motivé la réalisation au XIIIe siècle de la peinture murale qui a été découverte dans l’église prieurale de Neau Mayenne. Le chœur avait été orné de l’histoire de saint Vigor, missionnaire et évêque en Normandie, à qui est dédié l’édifice de culte. Parmi les nombreux miracles figurait l’épisode du comte Bertulf fig. n°9. Ce dernier est un mauvais personnage, car il spoliait non seulement les pauvres, mais aussi l’Église en dévastant ses terres. La mort fut son châtiment. Les hasards de la conservation permettent de voir aujourd’hui un chevalier sur son cheval pommelé avancer au pas et poussant devant lui des hommes à pied manifestement effrayés. Ce chevalier était suivi d’autres. Cette représentation est placée au premier registre du mur sud du chœur, à une place de choix et visible de tous. L’abbaye d’Évron, dont le prieuré de Neau dépendait, avait eu peu de temps avant la réalisation de cette peinture murale de graves démêlés avec un seigneur local à propos de droits d’usage. Leur réconciliation eut lieu en 1229 dans l’église de Neau18. Selon l’objectif des moines, le décor, peint au milieu du XIIIe siècle, devait vraisemblablement être considéré comme une mise en garde aux aristocrates locaux qui contesteraient de nouveau les donations faites aux religieux par leurs parents. Une image exceptionnelle 14Nous achèverons notre étude sur une image exceptionnelle à plus d’un titre. La chapelle basse, souvent désignée comme une crypte, de l’église Notre-Dame de Montmorillon Vienne, est dédiée à sainte Catherine. Elle conserve un Agneau mystique dont les formes sont manifestement inspirées de celles du cheval fig. n°10. Figure 10 Montmorillon, église paroissiale Notre-Dame, crypte Sainte-Catherine, voûte. L’Agneau mystique. Phot. Davy, Christian. © Christian Davy. 19 - Les mots Agnus Dei sont lisibles et restituables. 20 - CORPUS DES INSCRIPTIONS DE LA FRANCE MÉDIÉVALE. Poitou, 1975, p. 53. Ecce agnus Dei ecce qui to ... 15L’identification de l’Agneau mystique ne fait aucun doute grâce à la présence du nimbe crucifère, de l’inscription, lacunaire19, de la croix sur laquelle se détache l’Agneau, ainsi que la présence de Vieillards de l’Apocalypse. Cependant, le peintre a donné des formes assurément équines à son agneau avec des pattes élancées, un poitrail bombé, une croupe élégante et une longueur et une proportion de corps correspondant mieux à un cheval de luxe qu’à une brebis. Les sabots fendus et la taille réduite des oreilles constituent les seuls éléments correspondant à la race ovine. La représentation de l’Agneau provient de la deuxième vision préparatoire de l’Apocalypse V, 6-8 …et au milieu des vieillards, un Agneau était debout… ». Le livre qu’il tient entre les pattes avant est mentionné dès le verset 7, mais il est ici représenté fermé avec un double fermoir et non avec les sept sceaux. Différents chevaux blancs sont mentionnés dans le texte de l’Apocalypse. Le premier d’entre eux est monté par l’ange à l’arc après l’ouverture du premier sceau VI, 2. Son image est connue en peinture murale romane avec les représentations de Méobecq Indre et de Saint-Hilaire de Poitiers Vienne. Les autres apparaissent au chapitre XIX qui évoque le triomphe du Christ et de l’Église, renvoyant à la peinture murale de la crypte de la cathédrale d’Auxerre évoquée précédemment dans la communication. Le commanditaire du décor peint à Sainte-Catherine de Montmorillon a manifestement tenu à combiner les deux références. Contrairement à son homologue auxerrois qui a fait développer l’idée du triomphe précédant celle du règne éternel après la fin des temps, le commanditaire poitevin a préféré insister sur l’idée de rédemption. En effet, l’équipe du Corpus des inscriptions de la France médiévale rapproche les fragments d’inscription, conservés autour du corps de l’agneau, du texte de l’évangile de Jean I, 2920 qui évoque la rémission des péchés. Cette orientation correspond à l’image essentielle du décor peinte au cul de four de l’abside la représentation de l’incarnation du Christ nécessaire à cette rédemption sous les traits de la Vierge à l’Enfant. Haut de page Notes 1 - Le Bestiaire de Pierre de Beauvais énumère les caractères qui lui permettent de le comparer au Christ alors que le verset 13 du psaume 91 90 est le plus souvent cité pour assimiler le lion au mal Tu marcheras sur le lion et sur l’aspic, tu fouleras le lionceau et le dragon. 2 - PICHOT, Daniel. Cheval et société l’exemple du Bas-Maine IXe-XIIIe siècle ». Dans Charpania. Mélanges offert à Jacques Charpy. 1991, p. 403-411 ; repris dans La Mayenne. Archéologie, histoire, 1992, n° 15, 51-61. 3 - DESCHAMPS, Paul. Combats de cavalerie et épisodes des Croisades dans les peintures murales du XIIe et XIIIe siècles ». Dans Orientalia Christiana périodica Mélanges offerts à Guillaume de Jerphanion, 1947, v. 13, p. 454-474. On attend la publication de la thèse d’Esther Dehoux sur les saints chevaliers. 4 - Ill. dans DAVY, Christian. La peinture murale romane dans les pays de la Loire. L’indicible et le ruban plissé. Laval SAHM, 1999, p. 347. 5 - Histoire anonyme de la première croisade. Éditée et publiée par Louis Bréhier. Paris, 1924, p. 151-161. 6 - Voir la bibliographie dans DAVY, Christian. Les peintures murales romanes de la chapelle des Templiers de Cressac ». Congrès archéologique de France. Charente, 1995, 153e session. Paris 1999, p. 171-177. Voir aussi depuis CURZI, Gaetano. La pittura dei Templari. Silvana Editoriale, 2002. 7 - Ill. dans FAVREAU, Robert, JEANNEAU, François, RIOU, Yves-Jean et alii. Saint-Savin. L’abbaye et ses peintures murales. Poitiers CPPPC, 1999, p. 104. 8 - FLORI, Jean. Encore l’usage de la lance… La technique du combat chevaleresque vers l’an 1100 ». Cahiers de civilisation médiévale, 1988, t. 123, p. 213-240. 9 - Voir les différentes interventions sur ce thème Actes des journées d’étude Le décor peint dans la demeure au Moyen Âge. Angers, 15-16 novembre 2007, voir le site 10 - PICHOT, Daniel. Cheval et société l’exemple du Bas-Maine IXe-XIIIe siècle ». Dans Charpania. Mélanges offert à Jacques Charpy. 1991, p. 403-411 ; repris dans La Mayenne. Archéologie, histoire, 1992, n° 15, 51-61 ; BOURGAIN, Pascale. Pratiques de l’équitation au Moyen Âge dans les textes littéraires ». Actes en ligne du colloque Les patrimoines de l’équitation française. Saumur, 7-9 décembre 2011. 11 - Située à Chinon. 12 - Illustration dans TOULIER, Christine. Canton de Chinon. Indre-et-Loire. [ Syndicat intercommunal du Val de Vienne Coll. Images du patrimoine, n° 81, 1990, p. 26. 13 - Je remercie chaleureusement Fabienne Audebrand, du service des Monuments historiques, DRAC du Centre, de ses remarques techniques qui m’ont ouvert les yeux sur un monde inconnu. 14 - Illustrations dans DAVY, Christian. Op. cit. p. 119. 15 - Un fragment d’inscription donne le nom de Constantin pour l’un d’eux. Illustration dans DEMUS, Otto. La peinture murale romane. Paris Flammarion, 1970, pl. XLV. 16 - Illustration dans Peindre à Auxerre au Moyen Âge, IX - XIVe siècle ». Sous la direction de Christian Sapin. Paris CEM d’Auxerre et CTHS, 1999, p. 227. 17 - L’allusion à la mort est manifeste si l’on pense aux nombreuses représentations postérieures où le masque de la mort est parfois placé dans le miroir. 18 - HILLION, Yannick. Le cartulaire d’Évron. Thèse de 3e cycle, Université de Rennes II, 1977, charte 109. 19 - Les mots Agnus Dei sont lisibles et restituables. 20 - CORPUS DES INSCRIPTIONS DE LA FRANCE MÉDIÉVALE. Poitou, 1975, p. 53. Ecce agnus Dei ecce qui tollit peccatum mundi ».Haut de page Table des illustrations Titre Figure 1 Légende Le Loroux-Bottereau. La Chasse de saint Gilles, détail la chevauchée des chasseurs. Crédits Phot. Pillet, Denis. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 1995. URL Fichier image/jpeg, 144k Titre Figure 2 Légende Thoiré-sur-Dinan. Église paroissiale, nef, mur nord. La Chasse de saint Gilles, détail le cavalier sonnant l’hallali. Crédits Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 1995. URL Fichier image/jpeg, 140k Titre Figure 3 Légende Saint-Savin-sur-Gartempe. Église abbatiale, nef, voûte. Joseph emporté en esclavage en Égypte, détail les chevaux des marchands. Crédits Phot. Davy, Christian. © Christian Davy. URL Fichier image/jpeg, 760k Titre Figure 4 Légende La Chapelle-Rainsouin, église prieurale de la Ramée, mur occidental. Tournoi entre deux chevaliers. Crédits Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 2005. URL Fichier image/jpeg, 792k Titre Figure 5 Légende La Chapelle-Rainsouin, église prieurale de la Ramée, mur occidental. Tournoi entre deux chevaliers, détail l’encolure du cheval gauche. Crédits Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 2005. URL Fichier image/jpeg, 844k Titre Figure 6 Légende Nohant-Vic, église prieurale de Vic, arc triomphal. La Chevauchée des rois mages. Crédits Phot. Ricarrère, Pascal. © Pascal Ricarrère. URL Fichier image/jpeg, 296k Titre Figure 7 Légende Pouzauges, église paroissiale de Vieux-Pouzauges, nef. Le Calendrier des mois, détail, le mois de mai. Crédits Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 1995. URL Fichier image/jpeg, 860k Titre Figure 8 Légende Brée, manoir de la Grande-Courbe, mur pignon sud. La Chasse au tigre, détail le cavalier emportant le petit tigre et jetant un miroir. Crédits Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 1994. URL Fichier image/jpeg, 920k Titre Figure 9 Légende Neau, église prieurale, chœur, mur sud, partie centrale. Scènes du cycle dédié à saint Vigor. Crédits Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, inventaire général, 1980. URL Fichier image/jpeg, 336k Titre Figure 10 Légende Montmorillon, église paroissiale Notre-Dame, crypte Sainte-Catherine, voûte. L’Agneau mystique. Crédits Phot. Davy, Christian. © Christian Davy. URL Fichier image/jpeg, 598k Haut de page Pour citer cet article Référence électronique Christian Davy, Le cheval et son cavalier dans la peinture murale des XIe-XIIIe siècles », In Situ [En ligne], 18 2012, mis en ligne le 31 juillet 2012, consulté le 29 août 2022. URL ; DOI de page
1 Italiques de l’auteur. 1Si tant de poèmes d’Aragon ont été mis en musique et chantés, c’est, entre autres choses, parce que, pour lui, poésie et chant sont intimement liés. Que recouvre cette notion de chant », différente certes, de la chanson », mais qui en constitue le berceau ? Ses Œuvres poétiques complètes publiées dans la Bibliothèque de la Pléiade répertorient dix-neuf poèmes intitulés Chanson », quinze intitulés Chant » auxquels il faut ajouter les Cantiques et les Romances ; l’idée que le chant est un élément essentiel de la poésie » parcourt ses Chroniques du Bel Canto septembre 1946 », Aragon 1947 153 et ce thème caractérise presque chaque poète évoqué dans ce livre. Cependant, Aragon s’oppose à l’idée que la poésie ne serait que chant » dans la Chronique » concernant Pierre Emmanuel, il s’attarde sur les rapports entre paroles et musique en poésie et si Pierre Emmanuel écrit Celui qui veut connaître un homme qu’il le cherche moins dans ses paroles que dans la musique qu’elles font1 » Juillet 1946 », Aragon 1947 105, Aragon prend le contrepied de cette idée On voit où tout d’abord Emmanuel apporte de l’eau à mon moulin la rime, le chant… Mais à peine si j’y consens, la pente naturelle de mon esprit l’entraîne à protester que l’homme est aussi bien dans ses paroles que dans la musique qu’elles font. » ibid.. Et, un peu plus loin Ah ! c’est ici que je vous défie de séparer ce qui est dit de sa musique ! » Juillet 1946 », Aragon 1947 111. Un peu plus loin encore, s’opposant à un exégète de Mallarmé, il lui reproche de renoncer à l’emportement, au rêve du poème […] Ce que j’appelle, à mon habitude, le chant » Septembre 1946 », Aragon 1947 145. C’est ce chant » qui est bien présent dans Quai de Béthune », à la fois paroles et musique, sujet et forme du poème, passe-temps et passeur de temps. 1. Parution et chanson 2 Carco a habité au n°18 du Quai de Béthune, dans l’île Saint Louis. 3 Par Henri Jacques Dupuy. 4 On peut l’écouter ici 2 Quai de Béthune » est paru pour la première fois en première page du journal Les Lettres françaises le 20 mars 1958, sous le titre “Chanson du Quai de Béthune” par Aragon » et sous-titré Pour un lauréat ». Le Comité National des Écrivains venait en effet de décerner son Prix de l’unanimité » à Francis Carco. L’auteur de Jésus la Caille, dit le petit texte de présentation, âgé aujourd’hui de soixante-douze ans et souffrant, ne quitte guère son logis du Quai de Béthune2, au cœur de ce Paris qu’il a tant magnifié ». Repris deux ans plus tard dans Les Poètes, sous le simple titre de Quai de Béthune » Aragon 1960 413-14, il est précédé, comme beaucoup d’autres textes, de la mention Chanté ». Ce livre, Les Poètes, qu’Aragon sous-titre Poème », et dont on aura écrit qu’ il est à cette heure un des ouvrages d’Aragon qui aura été le moins abordé par la critique universitaire » Bismuth 1999a 5, se présente comme une sorte de grand spectacle parlé et chanté dont Hervé Bismuth a analysé la théâtralité Bismuth 1999b 45-68 ; quatorze au moins de ses textes ont d’ailleurs été interprétés par différents chanteurs et chanteuses, dont Quai de Béthune » mis en musique3 et chanté par Caroline Cler en 19614. Ce poème évoque non seulement Paris et sa poésie, mais aussi l’amour et le souvenir toujours vivant de poètes du temps passé, ainsi que de Carco, qui mourra peu de temps après et auquel, à sa mort, Aragon consacre un autre poème, Celui qui s’en fut à douleur… », paru le 29 mai 1958 dans Les Lettres françaises sous le titre Adieu à Francis Carco », reproduit également dans Les Poètes Aragon 1960 415-16. 2. Le silence et le chant De la musique avant toute choseEt pour cela préfère l’impairPlus vague et plus soluble dans l’airSans rien en lui qui pèse ou qui pose 3Écrit en pentasyllabes, Quai de Béthune » se rattache à ce choix verlainien ; et bien que les vers soient courts, le rythme du poème garde une fluidité, une lenteur correspondant au paysage évoqué, tant réel que mental la Seine, la nuit, l’amour, le souvenir des poètes disparus. Le thème du chant et sa traduction sonore et rythmique en sont des éléments essentiels. Il est des lieux où chante même le silence » écrit Aragon dans ses Chroniques du Bel canto Mai 1946 », 1947 79 et c’est ainsi que commence le poème Connaissez-vous l’îleAu cœur de la villeOù tout est tranquilleÉternellement L’ombre souveraineEn silence y traîneComme une sirèneAvec son amant Aragon 1960 413 4Et à la quatrième strophe Venez y entendreComment meurt le vent ibid. 414 5La douceur, la lenteur, la mélancolie du poème, du moins jusqu’à la sixième strophe, sont données à la fois par la structure des rimes et par les sonorités trois rimes identiques dans les quatrains et une quatrième en [ɑ̃] reprise de strophe en strophe, sauf dans les deux dernières qui créent une rupture, avec une rime en [o] échos » s’associant à Carco », avec en plus cette subtilité que les dernières rimes des quatrains riment deux par deux Éternellement » avec amant », rêvant » avec vent », chantant » avec temps », sang » avec passant », la monotonie de ce système de rimes contribuant à la mélancolie du texte. Le rythme est également ralenti soit par la longueur d’un mot comme Éternellement », soit par l’abondance des voyelles nasales, plus longues que les autres et souvent à la rime ombre » silence » » profonde », blonde », et monde » à la rime dans le troisième quatrain, enserre » », tendres », cendres » et entendre » à la rime dans le quatrième, Comment » doucement » allonge », ronge » et songes » dans le cinquième quatrain, où une allitération en [s], comme celle en [f] dans la strophe précédente, fait entendre Comment meurt le vent » Cette allitération en [s] est d’ailleurs aussi présente aux strophes 2 et 3, avec la proximité de silence » et sirène » et 8, de Seine » et enserre » v. 9 et 12, dont la syllabe [ɛʀ] est reprise symétriquement par le [ʀɛ] de rêvant » ; on pourrait multiplier les exemples. C’est qu’il s’agit d’ entendre » le silence tout d’abord, puis le chant L’ombre souveraineEn silence y traîne v. 5-6 6Puis Enfants fous et tendresOu flâneurs de cendresVenez y entendreComment meurt le vent 7 Il est des lieux où chante même le silence… » et Aragon ajoute, un peu plus loin il est des haltes comme un chant au cœur du chant » Mai 1946 », Aragon 1947 79-80. 5 Paru aux EFR en 1952 et dans Les Lettres Françaises du 20 mars au 24 avril 1952 ; réédité en 2007 ... 8La nuit, ou du moins le gris, la paix, mais aussi le désenchantement, ouvrent le poème ; les cendres se réfèrent à la mort, ou aux lendemains de fêtes, et c’est aussi, concernant les êtres humains, une expression que l’on trouve chez Gogol, dont Elsa Triolet a traduit Le Portrait5 quelques années auparavant et l’on sait l’influence que les écrits d’Elsa Triolet pouvaient avoir sur Aragon. Évoquant un quartier de Saint-Pétersbourg le quartier Kolomna, le narrateur de cette nouvelle déclare L’avenir n’y pénètre point, tout y est silence et retraite », c’est là que vit toute la catégorie des gens que l’on peut désigner d’un seul mot les cendres. Gens dont les habits, le visage, les cheveux, les yeux sont couleur de cendres, couleur d’un jour où le ciel n’a ni orage ni soleil, où l’on ne sait trop où on est, et voilà le brouillard qui s’en mêle et enlève toute consistance aux objets » Gogol 1952 79. 9L’île Saint Louis est l’île d’un passé défunt, mais aussi l’île de l’amour Enfants fous et tendres » et pour Aragon c’est le lieu de son amour fou et tragique pour Nancy Cunard qui y résidait pour plus de détails, voir Barbarant 2016 83-87. La Seine qui tient une grande place dans la poésie de Paris, chez Aragon comme chez de nombreux poètes, liée chez Apollinaire à l’amour et à la fuite du temps, est ici personnifiée ; c’est l’image même d’une femme aimante La Seine profondeDans ses bras de blondeAu milieu du mondeL’enserre en rêvant, 10personnification qui prolonge la comparaison de l’ombre avec une sirène séduisante par son chant mais aussi captatrice, et joue sur le sens du mot bras ». Toutes les réminiscences surréalistes peuvent surgir à la lecture de ces vers par exemple l’ Inconnue de la Seine » et son masque, présente encore dans Aurélien, ou l’éloge de la blondeur dans Le Paysan de Paris Aragon 1927 48-50 ; La mémoire la mémoire est blonde vraiment » y déclare-t-il ibid. 50. 11C’est que le lecteur, ou l’auditeur, est associé au tableau l’auteur s’adresse directement à lui Connaissez-vous l’île » et à son ouïe Venez y entendre » Dans les Chroniques du Bel Canto, Aragon souligne cette nécessaire communion de l’auteur et du lecteur, cette communauté d’expérience Le chant, qui est toujours nécessairement à la fois de l’oreille et du cœur, s’éveille précisément quand la musique et la voix se marient, quand il y a parfaite adéquation du fond et de la forme, quand cette prétendue subjectivité du poète fait écho à quelque chose en moi qui le lit » Noël ou l’école buissonnière », Aragon 1947 246. Aragon a souvent souligné, surtout pendant la guerre et la Résistance, le caractère collectif de la poésie, et juste après-guerre l’importance de son chant Le chant qui est la négation de la solitude poétique. Le chant qui est la communication de la poésie » écrit-il dans les Chroniques du Bel Canto ibid. 257. 12La seconde moitié du poème met directement en scène le chant, personnifié lui aussi Tandis que chantant Un air dans le noirEst venu s’asseoirAu fond des mémoiresPour passer le temps v. 20-24 13Le gérondif chantant » forme pivot entre les deux parties du texte, et l’imagination du lecteur vacille un instant, en raison de l’ambiguïté syntaxique, Un air » pouvant être pris tout d’abord comme le complément d’objet de chantant », alors qu’il est le sujet du verbe être au vers suivant le chant, objet et sujet du poème… 3. Le chant, passeur de mémoire poétique mort et vie des poètes 6 Sur ce point, voir Nathalie Piégay-Gros, 2007 49-51 et les réflexions sur poésie et mémoire dans ... 14 Je chante pour passer le temps / Petit qu’il me reste de vivre », écrit aussi Aragon dans Le Roman inachevé Aragon 1960 208. Temps, mémoire et chant sont associés le chant, l’ air » constitue une permanence dans un monde où passent l’eau, le temps et les amours, il s’ancre dans les mémoires », dans l’inconscient collectif »6, comme la poésie elle-même, tous deux liés à la nuit et au rêve v. 17-19. À partir de là, dans la septième strophe, le rythme devient plus vif, les sonorités plus violentes Et le vers qu’il scande[…]Bat comme le sang 15La douceur agréable en même temps que funèbre du début Éternellement », L’ombre souveraine/En silence y traîne », flâneurs de cendres », Comment meurt le vent », l’inquiétude silencieuse La nuit […] /Tout doucement ronge/Ses ongles » […] sont brusquement interrompues par la force du vers qui chante tragiquement la vie et Bat comme le sang » La ville s’anime alors et le passé reprend une existence sonore, dans laquelle les poètes ressuscitent Est-ce une fenêtreQui s’ouvre et peut-êtreOn va reconnaîtreAu pas le passant Est-ce Baudelaire 16Si Aragon cite en premier Baudelaire, c’est non seulement qu’il fut l’un des poètes préférés des Surréalistes, qu’il vécut au 10, Quai de Béthune et chanta Les Fenêtres » dans un poème en prose il l’invoque comme un de ses premiers maîtres dans le poème suivant immédiatement l’hommage funèbre à Carco, et qui débute aussi par une évocation de l’île Saint-Louis, plus tragique que dans Quai de Béthune » Toujours quand aux matins obscènesEntre les jambes de la SeineComme une noyée aux yeux fousDe la brume de vos poèmesL’île Saint-Louis se lève blêmeBaudelaire je pense à vous Lorsque j’appris à voir les chosesÔ lenteur des métamorphosesC’est votre Paris que je vis Aragon 1960 417 7 Aragon a théorisé l’association des rimes féminines et masculines dans La Rime en 1940 » et Ar ... 17Une deuxième ombre est associée à celle de Baudelaire celle de Nerval, autre poète du Panthéon surréaliste, qui disait lui-même que ses textes avaient été composés dans un état de rêverie supernaturaliste » ; son souvenir est appelé par le mot air », rimant avec Baudelaire »7 Est-ce BaudelaireOu Nerval un airQui jadis dut plaireÀ d’anciens échos 18La sophistication des arrière-textes apparaît ici avec le souvenir du poème de Nerval Fantaisie », présent en lui depuis longtemps 8 Poème écrit en 1831, paru en 1832. Il faut prononcer Wèbre » au vers 2 ; cette précision était i ... Il est un air pour qui je donneraisTout Rossini, tout Mozart et tout WeberUn air très vieux languissant et funèbre,Qui pour moi seul a des charmes 19Aragon l’a déjà évoqué indirectement dans l’un de ses premiers poèmes, Casino des lumières crues », publié en 1920 dans Feu de joie Aragon 1920 20 ; il est bien Au fond des mémoires », de celle de nombreux lecteurs comme de la sienne en tout cas Un soir des plages à la mode on joue un airQui fait prendre aux petits chevaux un train d’enferEt la fille se pâme et murmure Weber 9 Aragon se réfère de nouveau à ce vers dans les Chroniques du Bel Canto Janvier 1946 », Aragon 19 ... Moi je prononce Wèbre et regarde la mer »9 20Le chant passe ainsi de poète en poète et de lecteur en lecteur, ou d’auditeur en auditeur, et le terme échos » se réfère sans doute à cette continuité sonore. En janvier 1946, dans sa première Chronique du Bel Canto », Aragon expose son projet de parler des poètes, morts et vivants, Histoire d’entendre, écrit-il, dans leur voix, ce qui est proprement la poésie. Le chant. Ce mystérieux pouvoir d’écho, ce qui fait vibrer les verres sur la table, frissonner les insensibles. » Aragon 1947 10. Et, un peu plus loin, le premier poète évoqué est Gérard de Nerval, dont les Poésies viennent d’être rééditées par Albert Béguin Peut-être n’y a-t-il jamais eu de poète qui ait possédé aussi purement que Gérard de Nerval ce pouvoir d’éveiller l’écho dont je parlais » Aragon 1947 11. 10 Carco considérait Nerval comme un de ses maîtres ; il avait de plus en commun avec Gérard de Nerva ... 21De Nerval à Carco il n’y a qu’un pas dans l’association des souvenirs provoquée par le chant Aragon sait très bien que Carco est l’auteur d’une biographie de Nerval10, où il évoque l’auteur des Chansons et légendes du Valois en ces termes Peut-être avait-il oublié certaines vieilles chansons qui avaient bercé son enfance, mais elles s’étaient depuis réfugiées dans sa mémoire ainsi que dans une chambre obscure où des voix mortes, parfois, se faisaient tristement entendre » Carco 1953a 58. Il est aussi l’auteur d’un recueil de poèmes intitulé tout d’abord Mortefontaine Carco 1946, puis Mortefontaine, suite nervalienne Carco 1947. La filiation Baudelaire-Nerval-Carco s’affirme dans les deux dernières strophes. 11 À rapprocher des vers précédemment cités De la brume de vos poèmes/L’île Saint-Louis se lève b ... 22En effet, la réponse aux questions posées dans les deux strophes précédentes Est-ce une fenêtre »/Est-ce Baudelaire » vient avec le jour qui se lève, le jour blême »11 opposé à l’ ombre » du vers 5, à la nuit » du vers 17, au noir » du vers 21; s’il est encore fantomatique, ce jour » permet de relier le passé au présent et de montrer le lien, non seulement entre Nerval et Carco, mais aussi entre ce dernier et Aragon. Il faut ici ouvrir une parenthèse biographique. La guerre a, en effet, rapproché les deux hommes. En 1942, Francis Carco, membre de l’Académie Goncourt, avait soutenu l’attribution du prix au livre d’Elsa Triolet, Mille regrets ; en 1943, il avait été le seul à voter pour l’attribution du prix au Cheval blanc ; Elsa Triolet sera la première femme à obtenir le Goncourt en 1945 au titre de 1944 pour Le Premier accroc coûte deux cents francs, avec la voix de Carco ; comme Aragon l’indique dans Celui qui s’en fut à douleur… », ils se rencontrèrent à Nice On faisait semblant d’être heureuxLe ciel ressemblait à la merMême l’aurore était amèreC’était en l’an quarante-deux 12 Francis Carco s’est réfugié en Suisse avec sa femme d’origine juive égyptienne. Un jour tu partis pour Genève12Et nous Elsa pour Dieu sait où Aragon 1960 416 13 À écouter sur le site de la Radio-Télévision Suisse 23Carco a raconté, dans une interview à la radio suisse le 1er juin 1953, ses rencontres en 1941-1942 avec Aragon, à l’initiative de ce dernier, qui voulait parler de Paris avec lui, puis sa propre installation dans l’île Saint-Louis13. Elsa Triolet a également retracé dans la Préface à la clandestinité » Juin 1964 les visites de Carco dans leur petit appartement du Quai des Etats-Unis 1965 25-26. Réfugié à Nice avec sa femme Éliane, Carco y rédige Nostalgie de Paris, où il évoque Aragon dans des pages sur les passages parisiens et le café Certà Carco 1941 43-45. C’est à Nice qu’il a, dit-il dans son interview, reçu une lettre d’Aragon lui disant Je voudrais parler de Paris avec vous, nous ne parlerons pas de politique’ […] et grâce aux magnifique bleu des photographies de Paris de la Belle Époque qu’Aragon avait placardées sur ses murs, je n’étais pas décroché ». 24Mais outre cet arrière-texte biographique, le poème rend hommage au poète de Paris, à l’auteur de la Romance de Paris 1953, de Nostalgie de Paris 1945, à celui qui a su écrire dès 1913 des Chansons aigres-douces reprises dans La Bohême et mon cœur, 1939. Le rythme pentasyllabique des vers de Quai de Béthune » fait irrésistiblement penser à certains poèmes de Carco comme Le Doux Caboulot », mis en musique par Jacques Larmanjat, chanté par Marie Dubas, Jean Sablon et Yves Montand entre autres, et dont l’air » est dans tous les esprits ; ou bien Minuit » […] J’entends sonner l’heureD’une voix qui pleureEt le pavé donc ici passe ?Quelle ombre s’efface ?Quelle autre la suit » […] Carco 1953b 43 25Les poèmes de Romance de Paris chantent la douce et lente Seine » Carco 1953b 33 et son eau profonde » Carco 1953b 34, ses sirènes Carco 1953b 40, les blonds cheveux » de l’Ondine qui la hante 35, Tout est alors couleur de songe » écrit-il Carco 1953b 41. 26Il s’agit pour Aragon de Rendre son poème/À Francis Carco », Car j’imite », écrit-il dans la Préface aux Yeux d’Elsa, Arma virumque cano » Aragon 1942 746, reprenant la tradition de la Renaissance qui valorisait l’imitation, et ici l’imitation dépasse le modèle… Carco qui ne sus que chanter » écrit-il dans son deuxième poème d’hommage, Celui qui s’en fut à douleur » Aragon 1960 416, appelant à asseoir son souvenir dans les mémoires et reprenant les éléments, voire les mots de sa poésie Que l’avenir du moins n’oublieCe qui fut le charme de l’airLe bonheur d’être et le vin clairLa Seine douce dans son lit 14 Derniers mots des Chroniques du Bel Canto Aragon 1947 258. 27Ce qui importe, c’est la mémoire commune du chant. Le mot chant traduit le latin carmen, qui a aussi donné le mot charme, qui fait aussi bien image magique qu’image musicale » écrit Aragon dans Arma virumque cano » Aragon 1942 757. Le chant n’est pas seulement, dans Quai de Béthune », la musique des vers ; l’ air » qui s’y promène est celui des poètes, disparus ou vivants, transmis de l’un à l’autre et offert au lecteur, ressuscitant le passé, passant de la nuit au jour et de la mort à la vie, car la place de la poésie dans la société humaine […] est de lumière, et non pas de
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